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d'ethnomusicologie

Alkymia, sur les traces de l'histoire musicale bolivienne

Pour aller plus loin | 23 novembre 2021 | Ana María Villamizar & Jess Hoffman

Destination redevenue lointaine, la Bolivie « magnétique » et envoûtante vient à nous grâce à l’ensemble Alkymia le 15 décembre prochain au Temple St-Gervais de Genève à l'initiative des ADEM. Véritables passeurs entre l’Europe occidentale et les hauts plateaux boliviens, les musiciens de l'ensemble Alkymia puisent aux sources de leurs cultures pour révéler le lien qui unit une tradition musicale, ici sacrée, à l’histoire d’un pays.

texte : Ana María Villamizar & Jess Hoffman

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XVIe siècle, les galions espagnols franchissent l’océan et établissent des lignes de commerce régulières avec leurs colonies sud-américaines. Si l’objectif est qu'ils reviennent en Espagne le ventre plein de l’or des Andes, et principalement du Haut-Pérou, les voyageurs qui s’embarquent de la péninsule ibérique ont dans leurs cœurs des espoirs de mondes nouveaux, prospères, et… exemplairement catholiques. La musique sacrée constitue le vaisseau parfait de cet idéal, censée conforter les conquistadors et subjuguer les autochtones ; l’assujettissement et la violence extrême forceront une écoute attentive. Pourtant, ces semences musicales de la vieille Europe vont germer dans un terroir déjà riche et en bouleverseront les codes. Elles renaîtront métamorphosées, perdurant jusqu’à nos jours, au sein de la société bolivienne.

Jusqu’aux terres reculées, les jésuites portent une musique d’avant-garde aux avant-postes de leurs missions, associant les natifs à l’interprétation, puis à la conception d’instruments de musique. Dans la ville de La Plata, Sucre d’aujourd’hui, les élites coloniales espagnoles maintiennent leurs traditions musicales baroques, ornées de règles conservatrices et religieuses. Des concessions sont néanmoins faites aux fidèles ; la danse, fondamentale dans la spiritualité indigène mais prohibée par l’église espagnole, est tolérée puis introduite lors des célébrations religieuses, leur prodiguant une énergie festive qui mobilise aujourd’hui encore la population.

 

L’ensemble Alkymia à Cochabamba, Bolivie

 

A présent, la Bolivie ouvre volontiers aux artistes les trésors de ses archives nationales musicales. En 2014, à Lyon, un groupe d’amis musiciens boliviens et français puisse dans ce vivier pour en adapter et en proposer sa vision à travers le projet Alkymia. Le travail de ces artistes se concentre sur le répertoire né à Sucre comme l’explique Mariana Delgadillo Espinoza, directrice de l’ensemble, en menant sur place des recherches dans ce patrimoine élu « Mémoires du Monde » par l’Unesco, puis s’attelant à la réédification d’œuvres vocales  soutenues par une instrumentation baroque. Depuis lors, Alkymia s’emploie à proposer en Amérique latine et en Europe cette musique bolivienne traditionnelle, syncrétisme abouti de la tradition religieuse occidentale et de la ferveur andine.

 

Concert de l’ensemble Alkymia avec la cheffe Mariana Delgadillo Espinoza à Postrervalle, Bolivie.

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Pour aller plus loin ...

Sucreries - Fiesta de navidad : le concert de l'ensemble Alkymia à Genève : https://adem.ch/fr/evenements/sucreries-fiesta-de-navidad

le site internet de l'ensemble Alkymia : https://www.ensemblealkymia.com

https://www.jesuites.com/ensamble-moxos/

https://fr.unesco.org/programme/mow

 

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