La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid19 a particulièrement touché le milieu culturel, tant au niveau local qu’international. Durement impactés par le confinement, la plupart des musiciens et danseurs se sont vus privés de scène, de public, de défis artistiques, et maintes fois, d’un soutien social et financier. Ethnosphères magazine vous livre des témoignages du duo R&R et du trio Zafîf, les artistes invités pour la première édition des Jardins des ADEM, projet organisé en collaboration avec l’AMR et l’émission Zanzibar sur RTS-Espace 2.
Le duo R&R, autour du tango argentin, et le trio Zafîf, teinté de mélodies et de rythmes du Maghreb et du Proche-Orient ont été les artistes invités pour la première édition des Jardins des ADEM, projet organisé en collaboration avec l’AMR et l’émission Zanzibar sur RTS-Espace 2. Lors de l'enregistrement du projet, les musicien.e.s ont accepté de témoigner de leur vécu durant cette période exceptionnelle, et notamment de l’impact de la situation sur leur inspiration et leur pratique musicale.
Les musiciens du trio Zafîf ont exprimé leurs points de vue sur le confinement et sur l’impact qu’il a eu sur leur activité artistique. Gabriel Valtchev, percussioniste de l'ensemble a avoué avoir traversé cette période en prenant une certaine distance, et donc une acuité particulière : « ce temps m’a permis d’observer ce qui se passe et d’être conscient de la souffrance du monde, "des autres" en général. Au niveau artistique, j’ai pu continuer mes activités pédagogiques grâce aux plateformes online, et j’ai même trouvé du temps pour profiter de travailler sur des aspects techniques qui me tiennent à cœur depuis quelques temps. Néanmoins, j’avoue que je n’ai pas voulu entrer dans une forme quelconque de surproduction. D’autant plus que le public et le contact avec les autres m’ont beaucoup manqué », a-t-il dit.
Le trio Zafîf en concert. De gauche à droite : Gabriel Valtchev (tambour sur cadre), Samir Mokrani (luth ûd ) et Khalil Bensid (luth guimbre).
Samir Mokrani et Khalil Bensid, de leur côté, ont insisté sur l’impact de cette situation sur le travail musical collectif. « En tant qu’artiste, et en ce qui concerne le processus de composition et de pratique, heureusement ça n’a pas changé grand chose pour moi » a dit Samir Mokrani. « On a pu continuer à travailler chacun depuis chez soi, malgré le confinement. Ce qui nous a terriblement manqué a été la possibilité de répéter ensemble, de jouer ensemble », a rajouté Khalil Bensid. Les musiciens ont également exprimé leur frustration vis-à-vis des impacts collatéraux de la situation sanitaire, ce qui a impliqué, entre autres, l’annulation du vernissage de la dernière production discographique que l’ensemble venait d’enregistrer juste avant le confinement.
De son côté, le duo R&R a saisi ce temps singulier comme une sorte d’« opportunité » pour consacrer du temps à la vie familiale, mais aussi pour favoriser un espace de créativité, dédié à la composition et à l’élaboration d’arrangements musicaux visant à élargir et diversifier son répertoire. Claire Rüfenacht a exprimé le plaisir que lui procure le fait de faire de la musique à la maison « pour soi-même », mais elle regrette évidemment l’absence du public. « Ça nous manque de jouer en live » a-t-elle confié. Pedro Ratto a en outre évoqué le facteur économique, qui a frappé durement le monde culturel pendant cette crise. « Financièrement, ce temps a impliqué une pause sous la contrainte, et cela n’a été facile pour personne, mais encore moins sans doute pour les artistes. »
Duo R&R. Claire Rüfenacht (Melódica) et Pedro Ratto (guitare).
À propos de la situation financière et du phénomène des concerts online qui se sont multipliés durant le confinement, Fabrice Contri, concepteur des Jardins des ADEM, a souligné l’importance de ne pas oublier les artistes en cette période délicate : « ce n’est pas simplement des concerts que j’ai voulu organiser, j’ai également désiré soutenir les artistes. Ceux-ci n’ont pas été la préoccupation majeure des gens, des médias notamment, ces derniers temps. Les ADEM, en collaboration avec l’AMR et la RTS, ont veillé à rémunérer correctement les artistes, comme lors d’un concert, même s’il s’agit d’une performance à huis clos, sans public sur place. En tant que programmateur musical, j’ai été sensible à la situation et j’ai trouvé pertinent de réagir et de ne pas baisser les bras. C’est un message important à faire passer », a-t-il insisté.
***
Cette nouvelle programmation connaîtra sa première diffusion le 19 juin à 20h dans le cadre de l'émission Zanzibar, sur Espace 2, RTS.
Cliquez ici !
***
COURS ADEM
Pedro Ratto, du duo R&R, propose des cours présentiels et online de guitare de tango et d’airs folkloriques d’Argentine au sein de notre association. Pour plus de renseignements à propos de ces cours, cliquez ici !
Fabrice Contri
En ces temps de disette culturelle, l’équipe des Adem reste active et s’efforce à construire l'avenir, en espérant que cette deuxième vague de l’épidémie s’achève au plus vite et ne laisse pour seules traces que de belles idées, sources de rencontres nouvelles et de création. Une période de veille donc, non pas d’assoupissement...
Angela Mancipe
La situation sanitaire liée à l’épidémie de la Covid-19 a amené beaucoup de métiers à se restructurer. L’enseignement musical au sein des ADEM n’a pas fait exception : plusieurs de nos professeur.e.s ont mis en place des cours à distance, ce qui a impliqué un grand investissement technique et personnel. Ethnosphères Magazine partage avec vous le témoignage de trois d’entre eux.elles et le bilan qu’ils.elles tirent de cette expérience.
Fabrice Contri
« Australien d’origine hongroise, diplômé de l’Université de Melbourne VCA avec un Bachelor en Danse, József Trefeli travaille trois ans en Australie puis intègre la Compagnie de danse Alias en 1996 à Genève. En 2005 József fonde sa propre compagnie pour une commande chorégraphique de l’Association pour la Danse Contemporaine (ADC) à Genève. » Particulièrement actif dans le domaine pédagogique, il enseigne notamment aux ADEM, au sein du groupe Pannonia, la danse traditionnelle du pays de ses origines...
Alexis Toubhantz
Lo Còr de la Plana est devenu au fil de trois albums - salués par la critique, les professionnels et le public - l'un des ensembles de référence de la création musicale occitane contemporaine. Constitué de chants religieux, à danser ou politiques, son répertoire apparaît comme un véritable engagement. Ethnosphères s’est entretenu avec Manu Theron, fondateur et directeur artistique du groupe qui se produira lors du festival Les Nuits du monde.